Lundi 06 septembre 2021

Cher.e.s ami.e.s,

Nous dĂ©couvrons la CommunautĂ© de PoznaĹ„ lors du mariage d’Ania et de Maciej, un assistant de la communautĂ©, le dimanche 15 aoĂ»t, le jour de notre arrivĂ©e. Par discrĂ©tion, nous nous installons sur un banc, au fond de la Bazylika Ĺ›w. JĂłzefa. Sur le mĂŞme banc, une femme avec un sourire dans les yeux nous dit “Hello, I’m Ala”. Est-ce un simple hasard ? Je n’en suis pas si sĂ»re. Ala (Alexandra) est la personne qui a fondĂ© la communautĂ© de PoznaĹ„ en 1994. C’est avec elle que nous avons tissĂ© des liens depuis la France pour ce voyage.

Chaque jour, nous sommes accueillis très chaleureusement au foyer “Polanská” oĂą vivent Nina, Ala (Alicja), Ela, Adam, RafaĹ‚ et Artur. Ă€ leur retour des ateliers, nous partageons le repas de 15h avec eux. La vie au foyer nous paraĂ®t simple, calme et chaleureuse, vue de nos yeux. Comme dans une famille, chacun vaque Ă  ses occupations et repart dans sa chambre une fois le repas partagĂ©. Mais les premiers moments sont un peu balbutiants. Nous ne comprenons rien de ce que veulent nous partager les personnes accueillies, malgrĂ© nos quelques mots de polonais. La frustration est grande. Et les questions nous envahissent. Comment nouer des liens sans parler la mĂŞme langue ? Comment se comprendre, se faire confiance ? Nous faisons l’expĂ©rience de la vulnĂ©rabilitĂ©.

Nous sommes de parfaits Ă©trangers et pourtant, chaque jour, Artur nous accueille les bras grands ouverts avec son large sourire. Adam aime dire aux invitĂ©s “Dobrze, ĹĽe jesteĹ›” (c’est bien que tu sois). Nina avec son regard pĂ©tillant et son sourire lumineux, nous montre aussi le chemin. Nina ne s’embarrasse pas du superflu. Nina me regarde droit dans les yeux, droit dans le cĹ“ur et me serre longuement dans ses bras. Tout est dit. Le cĹ“ur retournĂ©, je me demande qui est rĂ©ellement “handicapĂ©e” ?

Nous sommes partis pour ce voyage avec plusieurs cadeaux offerts par nos chers amis manceaux. Certains nous ont prĂ©parĂ© des mot Ă  rĂ©inventer, un par communautĂ© rencontrĂ©e. Pour PoznaĹ„, leur choix s’est arrĂŞtĂ© sur le mot “prĂ©sence”. Magnifique. Ils ne pouvaient pas mieux tomber. Cette prĂ©sence, nous la ressentons profondĂ©ment chez toutes les personnes rencontrĂ©es sur notre chemin depuis la RuisselĂ©e et jusqu’Ă  PoznaĹ„, en passant par Bruxelles, Namur et Tecklenburg. Une prĂ©sence bienveillante et lumineuse.


Ĺ»ytnia, Polanská sont les deux foyers de L’Arche Ă  PoznaĹ„. Le troisième est louĂ© Ă  des Ă©tudiants, et l’atelier a Ă©tĂ© fermĂ© avant le covid. Chaque core-member rejoint un atelier pour la journĂ©e dans la ville. Artur travaille avec un savonnier. L’impact positif est que les core-members reviennent aux foyers enrichis de leur vie “Ă  l’extĂ©rieur”. Ă€ contrario, la communautĂ© dispose de moins de temps ensemble pour des projets de crĂ©ation. Ala nous confie que le recrutement des assistants qui logent dans les foyers (“living in assistant”) est un vĂ©ritable challenge. Dans le mĂŞme temps, nous sommes surpris par le nombre d’anciens assistants, amis et familles qui viennent aider chaque jour dans les foyers. La force et la vitalitĂ© de cette communautĂ©.

Prendre du temps pour ĂŞtre simplement ensemble a Ă©tĂ© un vĂ©ritable cadeau pour nous. Au-delĂ  du puzzle de 1000 pièces qu’ont terminĂ© DaphnĂ© et JosĂ©phine, nous avons eu la chance et le temps pour entrer en relation avec tant de personnes de la communautĂ©, et de dĂ©couvrir la vie polonaise “normale”. Pas celles des touristes. InvitĂ©s Ă  dĂ®ner, invitĂ©s Ă  une fĂŞte paroissiale, invitĂ©s Ă  un mariage, invitĂ©s Ă  dĂ©couvrir la rĂ©gion et les racines de la Pologne, invitĂ©s Ă  visiter la ville. Nous avons rencontrĂ©s des cĹ“urs gĂ©nĂ©reux, souriant, rayonnant et accueillant. La liste est longue, Ala et MichaĹ‚ bien sĂ»r, Tola, Ola et Alina, Lucyna, Agnieszka, Sylvia, Przemko et Magda, Maciej et Magda et leurs enfants, Arek et Dominique. Des personnes qui veillent sur la communautĂ©, parce que la communautĂ©, c’est chez eux.

Nous rencontrons, comme Ă  Bruxelles et Tecklenburg, des personnes qui donnent leur vie Ă  la communautĂ©. Myresse, Colette, VĂ©ronique, Ala, Lucyna. Elles sont dans leur communautĂ© depuis aussi longtemps parfois que les plus anciens membres des foyers. Elles ont dĂ» en voir des bĂ©nĂ©voles, des volontaires, des assistants et des familles de passage. Mais elles sont toujours prĂ©sentes, partie intĂ©grante de l’âme de leur communautĂ©. Ce type d’engagement contraste avec la difficultĂ© Ă  recruter des “Living In Assistants”. Chaque Ă©poque relève ses propres dĂ©fis. La CommunautĂ© de Namur a choisi une direction grâce Ă  des choix architecturaux forts. Nous avons entendu parler de communautĂ©s en France qui en essayent d’autres. Nous avons l’impression de vivre une Ă©poque charnière.

Épilogue

Nous avons quittĂ© la CommunautĂ© de PoznaĹ„ il y a 10 jours. Nous avons tellement reçu qu’il nous a fallu presque une semaine pour commencer Ă  Ă©crire ce post. Redevenir de simples touristes, mĂŞme dans cette magnifique ville de KrakĂłw, a Ă©tĂ© plus difficile que prĂ©vu. Entre dĂ©calage et manque, nous avons dĂ» nous ressourcer avant de pouvoir relire les 15 jours Ă  PoznaĹ„ et poser ces mots. Écrire, remercier, rendre grâce et commencer Ă  nous prĂ©parer pour l’Ă©tape suivante. ForcĂ©ment diffĂ©rente.

Post-scriptum

Nous sommes arrivĂ©s en Pologne avec la vision de ceux qui ne la connaissent que de loin. Mais en quatre semaines, les polonais, les polonaises, la Pologne ont transformĂ© nos cĹ“urs. PoznaĹ„ a tout d’une ville oĂą poser ses valises et se demander si le retour en France est nĂ©cessaire. Quelques discussions importantes avec les enfants nous ont aidĂ© Ă  garder en vue les raisons de notre projet, et que le retour au Mans fait partie du projet. Et mĂŞme si elles sont encore un peu floues, des perspectives commencent Ă  se dessiner. Probablement les premiers fruits de ces rencontres.

Instants de vie avec la Communauté de Poznań

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